dimanche 23 décembre 2007

C’était comment au Pérou?!

C’était pauvre, avec une structure économique informelle, mais au delà du premier regard, c’est un pays d’une grande richesse! Plus d’une fois un Péruvien m’a dit : « on n’est pas riche financièrement mais très riche dans notre cœur »… ça peut sonner « cliché » mais cela décrit bien plusieurs personnes que j’ai eu la chance de cotoyer.

Au début, la vie dans une famille de 17 personnes m’a paru intimidante et je souffrais du manque d’intimité, mais peu à peu, j’ai appris à connaître chacun des membres de la famille et à sentir que j’en faisais moi-même partie. C’est probablement l’expérience que j’ai trouvé la plus difficile au Pérou parce qu’au début je ne me sentais pas très à l’aise, mais c’est aussi une des expériences dont je suis le plus fière d’avoir vécue.

Sur le plan professionnel, je suis très satisfaite du programme que j’ai mis en place avec les coopératives du district, un groupe d’ONGs et la compagnie « Ciment Lima ». Le programme d’épargne /crédit a été créé et devrait démarrer en janvier avec une vingtaine de familles pour réaliser un projet pilote. Ce dont je suis le plus satisfaite c’est que je sais maintenant ce que je veux faire aux cours des prochaines années; la coopération internationale est définitivement le milieu dans lequel je veux progresser.

Et le pays en soit m’a grandement plu. En fait, j’ai détesté Lima, mais adoré le reste du pays! Neuf millions de personnes c’est beaucoup (trop) de monde dans une ville. Imaginez-vous 5 fois la population de l’île de Montréal qui tentent de se déplacer chaque jour sur des infrastructures desuètes et avec un système de transport en commun totalement arièré. D’accord, il faut admettre que Montréal est une île mais Lima a aussi son fleuve, Le Rimac, qui la traverse… Tout cela pour dire que se déplacer à Lima ce n’est pas une partie de plaisir. Heureusement, je n’avais pas a me déplacer très souvent à l’extérieur de San Juan de Lurignacho, le district où j’habitais et travaillais.

Étant une personne qui adore la montagne, j’en ai profité pour voyager à quelques reprises dans la « sierra », la région andine du pays. J’y ai visité les villes de Hauraz, Huancayo, Ayacucho, Arequipa, Cusco et Puno. Chacune de ces villes étaient très différentes les unes des autres, mais possédaient toutes quelque chose de particulier. Huaraz pour ses magnifiques montagnes enneigées, Huancayo pour le voyage de train pictauresque qui nous conduit jusqu’à elle, Ayacucho pour son cachet, son charme et les petits villages qui l’entourent, Arequipa pour son énergie mystique et ses impressionnantes montagnes et volcans qui encerclent la ville, Cusco pour ses couleurs, ses lieux cosmopolitains et bien sûr le Machu Picchu et finalement Puno pour sa proximité au splendide lac Titicaca. Mes parents qui m’ont rejoints pour découvrir Cusco, le chemin Inca et et lac Titicaca et ils ont eux aussi été enchanté par le pays.

Alors me voilà de retour au Québec, heureuse d’être ici pour le temps des fêtes aux côtés de ma famille! Joyeuses fêtes à tous!

mercredi 12 décembre 2007

C'est un retour

Je suis désolée de ne pas avoir donné de nouvelles au cours des dernières semaines...
Je quitte cette nuit en direction du Québec. Je suis prête pour le retour!
L'expérience a été extraordinaire. Je promets un bilan plus détaillé la semaine prochaine.
Hasta Pronto!

lundi 12 novembre 2007

Résumé des derniers mois


Dans le cadre de mon stage, je devais écrire pour Oxfam Quebec un article résumant mon expérience. C'est un petit peu répétitif de certains articles publiés précédemment sur mon blog mais je crois que ça résume bien l'expérience que je vis jusqu'à maintenant.

Chance ou responsabilité ?

J’avais 15 ans lorsque j’ai réellement été confronté à la pauvreté pour la première fois de ma vie. C’était dans le cadre d’un stage de sensibilisation à la pauvreté de deux semaines au Nicaragua. Organisé par mon école secondaire, ce stage englobait toute une préparation mentale et technique, mais il n’y a rien comme aller sur le terrain et constater la condition de ses propres yeux. J’avais été témoin de situations de pauvreté au Québec à travers le bénévolat que j’avais fait dans quelques organismes communautaires mais la vision d’une pauvreté omniprésente, sans organisme ou aide sociale pour supporter une population entière, m’a grandement marquée.

Je n’ai cessé de me questionner à savoir ce qui me différenciait d’un enfant Nicaraguayen, d’un jeune Somalien ou d’une adolescente du Yémen. Pourquoi ai-je le choix, aussi banal soit-il, de manger au déjeuner du pain au beurre d’arachide, au nutella ou à la confiture, alors que ce Nicaraguayen, ce Somalien et cette Yéménite n’auront probablement jamais ce choix à faire ; il mangeront ce qu’il pourront se mettre sous la dent. Est-ce une chance d’être née au Canada, un pays où règne la démocratie et où ils existent des supports sociaux pour manger, se loger et étudier?

Pour moi, être Canadienne représente une responsabilité, je le perçois comme un devoir d’utiliser ces structures politiques, cette liberté d’expression et cette « réputation » et crédibilité dont nous jouissons en tant que Canadiens sur la scène internationale. Grâce au programme de stages internationaux pour les jeunes (PSIJ) de l’Agence Canadienne de Développement International j’ai actuellement l’opportunité de vivre et travailler 6 mois dans une ONG de Lima au Pérou. Plus précisément, je réalise ce stage à travers le Club 2/3, la division jeunesse d’Oxfam Québec.

Je suis arrivée à San Juan de Lurigancho, un district d’un million d’habitants en périphérie de Lima, à la fin du mois de juin 2007…juste à temps pour vivre l’hiver humide et gris de Lima ! Comme le district est très populeux, la possibilité de louer un appartement ici était quasi inexistante ; la solution était donc de s’intégrer à la vie d’une famille du quartier et de partager leur quotidien durant les 6 mois de la durée du stage. Ma famille d’accueil est composée de la grand-mère, ses 4 enfants et conjoints et les petits-enfants… 17 personnes en m’incluant ! Comment décrire cette expérience ? C’est intense mais tellement riche en même temps! Les jeunes sortent peu à l’extérieur de la maison (les filles ne sortent pas du tout) et c’est donc toute une aventure et un immense plaisir d’aller jouer au soccer avec les 6 enfants de la maison durant les fin de semaines.

Sur le plan professionnel, je travaille au « Consejo de Desarrollo del Cooperativismo » (CODECO), une ONG créé en 1998 pour développer le coopérativisme à San Juan de Lurigancho et favoriser le bien-être social et économique de la population. La première partie de mon mandat consistait à établir une alliance avec une université de gestion de Lima pour que des étudiants viennent réaliser des stages pratiques avec des jeunes entrepreneurs du district qui démarrent leurs petites entreprises. Une entente a été formalisée avec l’une des principales universités de gestion du pays, La Pacifico et à partir du prochain semestre, 27 étudiants encadreront 9 entreprises du district.

La seconde partie de mon mandat, plus ambitieuse, consiste à créer un programme d’épargne-construction pour tout le district de San Juan de Lurigancho. Le système est basé sur l’épargne hebdomadaire des habitants désirant améliorer leur maison (mettre un toit, faire une ampliation, construire un second étage, améliorer leur cuisine ou leur salle de bain, etc.) Le tout se fait à travers les trois principales coopératives d’épargne et de crédit du district et en collaboration avec CENCA, une ONG spécialisée en urbanisation, avec l’Université Nationale d’Ingénierie et avec Estrategia, une ONG qui travaille avec une technique constructive particulière.

Dans les régions urbaines du Pérou, la grande majorité des habitants construisent leurs maisons avec des briques rouges. Le programme d’épargne-construction actuel propose l’utilisation de matériaux de ciment résistant au tremblement de terre qui peuvent être construit par la population même. C’est donc dire qu’il y a création d’emploi pour la fabrication de bloques, de dômes pour le toit, de poutres et d’escaliers, tous en ciment. De plus, ce projet propose la collaboration avec un refuge de femmes pour que ces dernières soient formées à gérer et opérer l’atelier de fabrication. Pour le participant au programme d’épargne et d’amélioration de maisons, ces matériaux du ciment sont mois chers que les matériaux traditionnel et permettent l’auto-construction ; en plus d’être produit par une main d’œuvre locale.

Dès le début du programme, le participant peut rencontrer un stagiaire architecte ou ingénieur de l’Université Nationale d’Ingénierie et évaluer le coût de l’amélioration qu’il veut apporter à sa maison. À partir de ce moment, le participant doit épargner de manière hebdomadaire une quantité fixe qu’il a lui-même déterminée. Après les trois premiers mois, s’il a démontré une constance rigoureuse dans ses dépôts, la coopérative peut lui faire le crédit nécessaire pour qu’il réalise l’amélioration à sa maison.De plus, nous sommes en train de formaliser une entente avec le gérant général de l’association Atocongo, la division sociale de Ciment Lima, pour obtenir le ciment à prix réduit.

Durant les 2 premiers mois de travail sur ce projet, il n’y avait que mon amie architecte, Nara, et moi qui y travaillons à temps plein. Au cours des 3 dernières semaines, d’autres acteurs ont commencé à réellement s’impliquer et à croire en la faisabilité et viabilité du projet. Ce n’est plus « le projet de Nara et Geneviève » mais bien le projet des gens de San Juan de Lurigancho. Lorsque je quitterai le pays dans un peu plus d’un mois, j’espère que chacun des acteurs verra le projet comme le sien, comme celui de sa communauté.

Ce fût une décision un peu téméraire d’entreprendre ce projet avec moins de quatre mois à faire en sol péruvien Peut importe le résultat, nous aurons créé une collaboration entre divers acteurs de développement. Ces forces inconnues qui se seront réunis pourront certainement réaliser de grandes améliorations pour les gens de ce district au cours des années à venir. D’un point de vue personnel, j’ai appris énormément. J’ai identifié un peu mieux mes forces et mes faiblesses, connu une culture très riche et partagée une expérience des plus enrichissante avec une famille péruvienne. En plus et surtout, je me suis confirmée que je voulais œuvrer dans le domaine de la coopération internationale durant les années à venir.

Lorsque j’avais 15 ans, être confrontée à cette pauvreté au Nicaragua a semé une graine et jusqu’à aujourd’hui, je n’avais pas idée du temps que prendrait cette semence à germer. Ce qui est important, c’est que maintenant, j’ai cette conscience, ces images des gens qui s’efforcent de vivre dignement et j’ai ce désir immense de faire parti du changement, de cette transformation vers un monde juste. C’est ma responsabilité, notre responsabilité, de faire de notre monde, un lieu où il fait bon vivre pour tous.

lundi 29 octobre 2007

Une île flottante sur le lac Titicaca, le chemin Inca, un enfant vivant le long du chemin, mes parents et notre groupe de randonnée

L'avion a atterri ce matin à Lima et c'est un ciel gris qui m'a accueilli... le ciel bleu et le soleil me manque déjà...

Demain, il y aura une réunion générale avec tous les acteurs du projet d'amélioration du logement et nous saurons si ce projet passera du papier à la réalité.

D'ici là, voici quelques photos du voyage que j'ai fait dans le Sud du pays en compagnie de mes parents et de Nara.



Lever de soleil sur le chemin des Incas, Le Machu Picchu, Papa dans le Waypicchu, trendy Cusco et la Place d'armes




samedi 27 octobre 2007

Le paradoxe d'une vie

Vendredi dernier mes parents sont arrivés au Pérou pour y passer une semaine en ma compagnie et celle de Nara. Le programme était chargé: vendredi soir, nuit dans ma famille d'accueil à San Juan de Lurigancho, puis samedi matin vol en direction de Juliaca, dans le Nord du pays. Le samedi après-midi, nous arrivons à Puno, sur les berges du lac Titicaca. À plus de 3800 mètres d'altitude, nous parcourons tranquilement la ville et un marché d'artisanat. Le lendemain, nous passons la journée sur le plus haut lac navigable au monde et visitons les îles flottantes et l'île de Taquile. La journée est magnifique et les habitants des îles vraiment sympatiques. L'activité principale de ces habitants est le tourisme mais malgré tout, l'expérience est vraiment incroyable; c'est très intéressant de voir comment se construit une île flotante et comment s'y déroule la vie quotidienne.

Le lundi soir nous arrivions à Cusco, aussi appelé le "nombril du monde" par ses habitants. Puis à l'aube le lendemain, nous partons pour marcher le Chemin Inca durant 4 jours. C'était génial! Des paysages magnifiques, une spirutualité axée sur la nature, et bien sur, la visite de la nouvelle merveille du monde, le Machu Picchu. J'ai eu des moments priviligiés avec mes parents où j'ai pu discuter de l'expérience que je vis ici et du futur.

Je demeure à Cusco jusqu'au lundi mais ce matin, mes parents sont repartis en direction du Québec. Je me sens très nostalgique... j'ai l'habitude d'être loin de ma famille mais je sens cette divisions en moi. Il y a ce fort désir de travailler en coopération internationale pour les années à venir mais en même temps, ce goût de mener une vie tranquile au Québec et de voyager de temps à autre... J'ai l'impression que cette volonté de travailler en coopération internationale et ce goût de tranquilité et de confort et un énorme paradoxe. Ça me fait peur quand j'y pense trop... Pour moi, c'est le plus important paradoxe de ma vie...

jeudi 4 octobre 2007

Suivre le courant


Quelqu’un m’a dit un jour, « Si tu as l’impression de nager contre le courant, c’est probablement parce que tu ne prends pas les bonnes décisions ; dans la vie, tu devrais avoir l’impression de nager dans le même sens que le courant, ça devrait couler ». J’ai eu certains épisodes de ma vie où je me suis acharnée sur quelque chose, un but ou une destination que je voulais vraiment atteindre. Et tout un coup, le jour où je réussissais à lâcher prise, tout se plaçait, merveilleusement, d’une manière inespérée, différente que celle escomptée mais souvent meilleure.

En ce moment, avec le projet d’amélioration des maisons, c’est difficile d’avoir une idée préconçue, ou une idée d’une destination parce que le projet est tellement jeune et parce qu’il y plusieurs acteurs impliqués. Mais là s’y trouve la beauté: en le laissant couler dans le sens du courant, il a la possibilité de prendre une forme, une direction et une envergure inespéré. A travers CENCA (l’ong qui travaille en urbanisation) Nara et moi avons connu une architecte qui a sa propre ong, Estrategia. Cette ong utilise la technique de bloques de ciment développée par une entité du gouvernement péruvien. Il s’avère que la technique de production des bloques de ciment est moins couteuse que la brique, moins dommageable pour l’environnement et surtout elle permet l’auto construction. Ce n’est pas surprenant que les grandes compagnies de construction s’opposent à la diffusion de cette technique et qu’elle reste peu connue.

Ainsi, nous nous sommes alliées avec Estrategia, cette ong qui utilise la technique des bloques de ciment et qui prône l’égalité des genres dans toutes ses activités. Cette inclusion de la femme péruvienne dans le processus de la construction du logement est un aspect important du projet. Je m’explique… La semaine dernière, nous sommes allées visiter un projet de construction réalisé para Estrategia dans le Nord de Lima et nos guides étaient toutes des femmes. Elles nous ont expliqué comment elles produisaient les bloques et comment elles construisaient. Ce qui m’a le plus fasciné ce n’est pas la machine ou la mélangeuse mais plutôt la confiance et la détermination sur le visage de ces femmes. J’ai rarement vu des femmes avec tant de certitude, avec un regard si vif; en général la hiérarchie entre l’homme et la femme est omniprésente et la femme est effacée.

Initialement, Nara et moi n’avions pas pensé à inclure cette composante d’égalité des genres dans ce projet mais tout à coup, cette ong avec qui nous travaillons la prône. Dans toutes les formations techniques données par Estrategia, elle exige que le thème soit abordé et elle favorise la participation des femmes dans le processus de construction. Le courant a pris une direction intéressante….

Enfin, la journée de mardi prochain sera une journée décisive puisque nous rencontrerons le gérant général de l’Association Atocongo et nous connaitrons quel sera l’appui de Cemento Lima. Peut importe le résultat, lorsque Nara et moi quitterons le Pérou le 13 décembre prochain, ce projet m’aura permis de croire encore un peu plus qu’il faut faire confiance, se lancer et se laisser guider par ce courant qu’est la vie.